JdR en Duo – Pourquoi et Comment ?

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Partager comment nous sommes venus à faire du JdR duo, comment nous avons été inspirés et comment nous l’avons traduit pour nos parties en incluant aussi les écueils. Bonne lecture.

Pourquoi faire un duo JdR ? Naissance d’Un Duo Rôliste !

Une soirée se profile, vite, regroupons la bande et lançons une partie…. Oui, mais voilà, tout le monde n’est pas dispo, n’est plus dans le coin ou se trouve de part le monde, comment fait-on alors ?

On essaie de faire avec les joueuses présentes et les absentes seront soit temporairement des PNJs ou alors se seront absentées durant la “mission”. On abandonne l’idée de se retrouver et on fait des jeux-vidéos ? On se tourne vers les tables virtuelles ? Oui pourquoi pas, mais là encore, tout le monde n’est pas disponible au même moment… tout le monde, non, il y a au-moins ce ou cette pote de disponible ! 

A partir de là, nous parlerons de joueuses et meneuses, sauf si nous parlons de nous, l’équipe Un Duo Rôliste. Car, oui, tout ce qu’il peut suffire pour jouer, c’est 1 PJ et 1 MJ.

Une table de jeu de rôle avec une fiche de personnage, des livres de jeu, une carte et des dés bleus.
Image de Freepik

Un peu de contexte sur le contenu de cet article


Dans cet article, nous parlerons de notre approche et donc de ce que nous avons fait pour notre Actual Play Podcast. Nous ne parlerons pas des JdR solo qui ont une autre dimension et permettent de jouer encore plus simplement et/ou/voire différemment. Vous pouvez aller consulter les liens fournis à la fin de l’article pour approfondir cette approche. 

Pour revenir au jeu en duo, nous aborderons les contraintes et les exemples dans nos parties qui ont conduit à nos aventures sur Un Duo Rôliste. Enfin, nous espérons que vous aurez ainsi quelques idées pour vous faire plaisir sans vous restreindre grâce à un bon équilibre, la présence du bon partenaire, en étant prêt à expérimenter le JdR duo 1 PJ 1 MJ

Ce qui nous amène à être deux et quel type de structure de jeu est possible ?

La première situation qui conduit à jouer à deux est évidemment le fait qu’il est difficile de regrouper sa bande habituelle, soit à cause des horaires, des contraintes professionnelles ou personnelles soit à cause de la distance. Nous ne tiendrons pas rigueur à notre bande ou nous-mêmes quant à la bonne disponibilité. La charité commence par soi-même. Nous n’aborderons pas l’option de jouer uniquement avec les potes présentes et l’utilisation d’artifice pour pallier ce manque sans pénaliser les absentes.

Dans le cas de notre article, et sans parler du JdR solo, nous pouvons nous assurer d’arriver à se retrouver quand même à deux. Que faire dans cette situation, deux solutions : 1 MJ +1 PJ ou 2 PJ  avec une gestion automatisée du MJ. Soit la place de “MJ” est tournante comme dans Reimagined (faire de la fan fiction) ou alors il y a une sorte de système de règles générant les réactions du MJ comme dans l’article de PTGPTB “Jouer en duo sans MJ” (lisez dans les commentaires vous serez aussi intéressés par Ironsworn) ainsi que les systèmes avec un « oracle » (Imagine Ton Aventure). 

Nous, nous avons choisi 1MJ+1PJ. C’était l’occasion de tester des jeux ou des idées ainsi que de montrer que oui, c’est possible.
Avec cette organisation, le fonctionnement du jeu reste basé sur le même principe où le MJ prépare son aventure, présente le monde et le contexte dans lesquels le PJ va évoluer ainsi que les réactions ou conséquences qui en découleront.

Les films et les séries nous donnent des pistes de structuration de jeu pour un seul personnage

Comment faire pour se lancer, quelle préparation afin d’éviter des écueils ? Nous sommes partis du constat que dans les films et séries télévisées, très souvent, il n’y a qu’un protagoniste qui agit, qui est le centre de l’attention et qui est, in fine, le héros ou l’héroïne. Quelques exemples pour voir les ambiances possibles : 

  • Action: Le transporteur, Jason Bourne,…
  • Enquête: Cadfael, Hercule Poirot, …
  • Super-héros: Superman, Batman …
  • Infiltration/Action: James Bond, Lupin…
  • Romance/interaction sociale: Dexter, You…

En partant de ce constat et de ces exemples,  nous voyons évidemment que la clef est de faire un focus sur le PJ (sous tous les angles possibles)

Dans ces histoires, il est attendu de rendre l’intrigue passionnante car rendue personnelle vis à vis du PJ (pas de la joueuse).  Qu’avons-nous essayé de faire dans notre Podcast (à notre mesure, en toute humilité et aussi en sachant que nous avons à continuellement progresser) ?

Quels sont les outils à notre disposition pour structurer un duo JdR ?

Vous trouverez de très bonnes informations ci-dessous qui ont alimenté nos réflexions :

(vous trouverez les sources à la fin de l’article dont nous vous recommandons la lecture et n’hésitez pas à nous partager vos lectures, conseils, remarques)

Au final, pour nous, ce que nous avons retenu :

  • En s’inspirant des PbTA et de l’Old School (lire Principia Aprocrypia) les grandes règles, qui nous ont parlées, sont :
    • Rendre vivant le monde : autour du personnage, en quoi, quelque chose va le concerner directement ou moins et avec quel impact.
    • Faire avancer l’histoire, poser des questions et construire dessus : il y a un objectif, comment les questions et réponses amèneront à une direction intéressante 
    • S’adresser au personnage : il est là, c’est la clef de voûte 
    • Être fan du personnage (et lui mener la vie « dure/intéressante ») : Lors de sa création, peut-être penser à l’arc de l’histoire ; il est le seul à pouvoir faire évoluer la situation… mais il y a sûrement un coup à payer, des dilemmes…

Voyons comment nous avons essayé d’appliquer ces principes à nos parties

  • Rendre des histoires personnelles (et susciter la motivation): pour cela, il faut utiliser l’historique du PJ afin de créer des liens avec les évènements, PNJ voire pour la création d’une Némésis ou d’un antagoniste qui sera plus ou moins récurrent. Quelles astuces sont possibles pour trouver ces liens: écouter sa joueuse et prendre des notes et surtout, la feuille de personnage. Ces cases souvent inutilisées des feuilles de personnages (cas de D&D: trait de personnalité, idéaux, liens, défauts, historique, alliés et organisations, notes, langues…) sont du pain béni / magique pour cela.
    • Par exemple, dans notre saison de Dragon, Arthur est un magicien qui n’est pas éveillé à la magie, hors il est envoyé à une vente aux enchères pour acquérir des gemmes d’Agate qui ont un lien direct avec la Magie. Est-ce que ces gemmes pourront l’aider ? Il est aussi attiré par la nécromancie… Cela servira de point d’accroche dans les aventures.
    • Dans notre saison D&D avec Lucius, il a pour objectif de rentrer au service d’un personnage clef de son univers et on lui offre une mission qui pourrait en être un jalon. Les actions qu’il va mener seront donc orientées en pensant que cela peut le faire avancer vers cet objectif.
  • Mettre le PJ sous les feux de la rampe (en étant bienveillant et constructif pour le faire participer) :
    • Dans le cas de Lucius, c’est un assassin expérimenté, il sait se faire discret et être rapide mais il est aussi mis en face d’un dilemme qui le met sous le spotlight : lors de l’affrontement contre le « gladiateur », il doit choisir entre la mission ou protéger son amie d’enfance/sa partenaire. Pour renforcer le dilemme, le MJ a pris soin au cours des séances en amont de faire jouer des scènes avec cette amie, pour qu’au moment opportun, mon personnage a de vraies hésitations sur la conduite à avoir.
    • Dans le cas de notre saison Cthulhu dans le Blayais, le suspect est une personne que Sophie connaît bien et qui a une fragilité, elle seule peut aider, aider un innocent. Il n’y a pas eu de séance réalisée en amont mais ce lien et le sentiment de responsabilité sont vite établis, de façon naturelle.
  • Savoir ajuster l’univers/contexte/histoire à ce qui pourrait manquer, comme le bon PNJ ou l’accessoire qui va laisser la place au PJ et/ou le soutenir au bon moment. Dans les jeux comme Dungeon World, il est prévu d’avoir des « suivant.e.s » avec qui il y a un lien de loyauté, dans D&D certaines classes peuvent avoir un familier et dans l’historique, un objet « insolite » peut être obtenu. Ces principes peuvent être étendus et adaptés à notre Duo sans que cela soit trop pour le MJ et que cela déséquilibre le jeu (perdant ainsi de l’intérêt).
    • Par exemple, Lucius a une partenaire qui a un niveau inférieur mais qui permet d’être complémentaire : c’est une mage et elle est liée à son historique, ce qui veut dire aussi que le MJ peut la mettre en difficulté lors d’un dilemme. 
    • Lors de notre saison Cthulhu dans le Blayais, Sophie a un dé qui rentre en résonance avec « la magie à l’œuvre », sans que cela donne un pouvoir démesuré cela aide, je pense, à orienter ou titiller le PJ.

Nous avons essayé, comme vous le voyez, ces différents angles et nous avons eu des écueils, quels sont-ils ?

Les écueils rencontrés et comment y remédier

Nous avons été, principalement, confrontés à deux écueils : le rythme et le personnage qui est continuellement sous « les feux de la rampe ».

  • Le rythme : tenir une session, c’est long, il n’y a pas les interactions entre des joueuses qui se stimulent, s’émulent… comme vous le savez, la concentration baisse progressivement. Si la MJ fait des monologues trop long pour le contexte et les actions des PNJs, en plus de risquer de se perdre en route pour la MJ, la joueuse décroche ; à l’inverse, la joueuse peut manquer d’idées où se trouver dans une impasse car focalisée sur un seul élément de l’intrigue (et pas le bon).
    • Dans notre série D&D, Lucius lors de l’affrontement avec le gladiateur a eu l’opportunité de travailler avec un autre groupe (de PNJ). En tant que joueur, j’ai manqué d’idées pour faire avancer le conflit dans mon sens. Avec d’autres joueuses, nous aurions peut-être mieux pensé ou mieux coordonné nos actions. 
    • Dans notre série Dragons, Arthur se retrouve avec plusieurs PNJs que j’ai à interpréter en même temps, difficile de le visualiser sans sortir du jeu.

Ce dernier point est une parfaite transition vers l’autre écueil que nous avons rencontré.

  • Le personnage qui est continuellement sous « les feux de la rampe » : même dans les films et séries que nous avons mentionnés au début, le protagoniste principal, dès fois, il est hors champ, il laisse la place à un.e PNJ et notamment quand cette dernière a la compétence appropriée ou est celle qui peut faire avancer la trame scénaristique… Comment donner cette pause à notre héros.

Nous avons donc choisi de déléguer une gestion de PNJ à l’autre en sachant que cela donne accès à des informations non accessibles normalement et à ne plus être en réaction au PNJ puisqu’on l’incarne. On se retrouve donc dans le meta, on sort de l’immersion de l’aventure.

La communauté des duo JdR

Voilà un petit tour de notre horizon, qui ne serait pas complet sans parler de la communauté de rôlistes. En effet, nous ne sommes pas les seuls à tenter l’aventure du duo et, il nous semble, c’est même plus fréquent actuellement dans les actual plays. Initialement nous avons été inspirés par D&D Duet et Party Of One (sources anglophones). Maintenant, « après » nous, nous pouvons citer les sessions d’Vltima Verba (et l’interview sur D1000 & D100), et d’autres dont une liste non-exhaustive est donnée en fin de l’article.

Finalement, jouer en duo, c’est possible

Pour finir et récapituler notre idée, à deux, il est possible de se lancer dans l’aventure. Tant pis pour les autres potes ou membres de la bande, il y aura d’autres opportunités. Quelles sont les bonnes astuces pour arriver à faire fonctionner le duo, comme dans un couple 🙂 l’équilibre avec le bon ou la bonne partenaire.

  • Le monde est vivant et doit réagir au personnage, c’est personnel. Après tout, c’est bien le personnage qui est là et qui mouille la chemise.
  • Le personnage est sous les feux de la rampe, nous sommes fan de lui/elle.
  • Mais attention, être la star peut être épuisant ou faire s’épuiser le rythme.
  • Il faut doser l’utilisation de l’environnement et des PNJs pour garder une ambiance saine et dynamique.
  • Savoir faire des parties courtes au besoin.

Bref, faites-vous plaisir, ne vous restreignez pas, expérimentez !! Bon jeu.

Ressources: (non-exaustive)

Liste d’articles :

Conseil sur Place To Go Place To Be: Jouer en duo sans MJ

Groupe Facebook

JdR en duo

Vidéo de conseils

Liste de jeux:

Liste actual play :


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