Votre pied reste immobile

Votre pied reste immobile et Orphée arrive au niveau du bus. Sans vous jeter le moindre regard ni vous remercier, votre Némésis monte, badge son pass et va s’installer au milieu du bus près de la porte centrale de sortie. Votre diablotin sur l’épaule gauche disparaît dans un petit nuage de fumée et bruit de pet de mécontentement… mais qu’importe, l’angelot a un sourire bienveillant et disparaît avec une lumière qui emplit votre cœur de fierté, ce sera une belle journée et vous l’aurez ce supplément.

Vous vous installez dans un coin et regardez le paysage de votre ville en imaginant le contenu du supplément. Cependant vous remarquez un adolescent en fauteuil roulant, qui feuillette le dernier comics de votre super-héros préféré. C’est un signe que cette journée s’annonce bien.

Vous êtes tiré de votre rêverie par la sonnette de l’arrêt. Le bus est arrivé à l’arrêt où vous avez prévu de descendre, et celui d’Orphée aussi. Vos regards se croisent, tel des samouraïs jaugeant la force de leur adversaire avant de se lancer dans la batailler. Vous commencez tous les deux à vous lever.

À peine la porte s’ouvre et que le système permettant au fauteuil roulant de descendre se met doucement en place. Orphée, pris au dépourvu par cet obstacle soudain, fonce tête baissée, renversant au passage l’adolescent sur le fauteuil, et commence à courir dans la rue qui mène à Taverne de la Vouivre. En passant, sa main prend cette forme symbolique, le majeur levé et les autres doigts repliés, pour vous faire comprendre que votre geste bienveillant de l’avoir laisser prendre le bus ne changera rien à votre relation. 

Votre sang ne fait qu’un tour. Vous vous apprêtez à courir à sa poursuite mais voyez à ce moment l’adolescent à terre. Vous revient alors en tête la voix aux inflexions russes de Colossus, le géant de métal des X-Men, déclarant à Deadpool : “Quatre ou cinq moments dans une existence, c’est tout ce qu’il faut pour être un héros, des moments où la vie te laisse choisir, aider quelqu’un en détresse, épargner une vie…”

Vous tournez la tête et croisez le regard confus de l’adolescent. Qu’allez-vous faire ?